Correspondance
George Sand – 1882La première édition, chez Calmann‐Lévy, de la correspondance de George Sand est le fait de ses enfants, Maurice Sand et Solange Clésinger.
Dès la mort de George Sand, en 1875, Maurice et Solange commencèrent à songer à la publication de ses lettres, mais ce n’est qu’en 1882 que parut, chez Calmann‐Lévy, le premier volume de la « correspondance générale » de l’écrivain, bientôt suivi par cinq autres volumes, de 1882 à 1884. C’est dire que cette publication, si elle est loin d’avoir la rigueur, l’exhaustivité, la fiabilité aussi, des éditions actuelles, a été longuement préparée, souvent de façon maladroite et brouillonne, par Maurice et Solange, peu rodés aux basses besognes de l’éditeur de correspondances, et qui, surtout, étant à la fois juges et parties, manquaient de l’objectivité impassible que la tâche exigeait. Durant la décennie 1875–1885, leur correspondance est une polémique constante autour des innombrables choix qui s’ouvraient devant eux. Elle nous permet de suivre pas à pas toutes les étapes du processus éditorial.
Brigitte Diaz,«La correspondance de George Sand éditée par ses enfants », Romantisme, n° 90, 1995.
Au bord de la Creuse
Au bord de la Creuse, à cinq lieues d’Argenton, vers le midi, nous avons dû voir le soleil un peu plus occulté que vous ne l’avez vu à Paris. Nous faisions une assez longue promenade à pied dans un des plus adorables coins de la France. Le ravin où coule la Creuse est bordé en cet endroit, sur une longueur de plusieurs lieues, par des plateaux élevés, soutenus de schistes redressés sur de puissantes assises de gneiss et de granit pittoresquement disloqués.…
Donc, que je te parle de Gargilesse
Donc, que je te parle de Gargilesse. La Baronnette [le baromètre] nous a menti comme de coutume. Nous sommes partis par un brouillard noir et un verglas superbe, Manceau jurant que le soleil allait se montrer ; mais plus nous allions, plus le brouillard s’épaississait ; si bien que nous sommes arrivés à la descente du Pin, voyant tout juste à nous conduire. Mais, tout d’un coup, la Creuse, glacée et non glacée par endroits, cascadant et cabriolant à tr…