Le soleil se leva sans rayons…
Jules Sandeau | Le Docteur Herbeau (1841)
L’orage violent qui éclate est enfin l’occasion pour le château de M. Riquemont d’accueillir le nouveau médecin de Saint‐Léonard, Henri Savenay — qui n’avait point accepté l’invitation de s’y installer quelques jours. L’occasion pour le jeune médecin et la jeune épouse de M. Riquemont, Louise, apeurée par la violence des éléments, de discuter, notamment de la Creuse, d’où ils sont originaires tous les deux. Blessé par une chute de cheval du fait de l’orage, il y restera la nuit.
Pendant l’orage, inquiet pour ses poulains et son domaine, M. Riquemont était sorti ; à son retour, il en dresse le bilan apocalyptique :
— […] Quel orage, mes enfants ! tout a été broyé, coupé, haché comme chair à pâté. Ma ferme de Gros‐Bois a croulé comme un château de cartes ; au Coudray, trois bœufs ont été écrasés dans leur étable. Le tonnerre a mis le feu à mes granges de Saint‐Herblain. Pas une cloche dans mes melonnières, pas un carreau de vitre dans mes domaines qui ne soit en mille morceaux. C’est un désastre dont on n’a pas d’exemple. Louison, nous n’irons pas en Italie cet automne, et nous ne recevrons pas le prochain hiver. Nous nous occuperons de nos pauvres.
Jules Sandeau, Le Docteur Herbeau, G. Charpentier, 1882, p.228.