Elle ne tarda pas…
Élie Berthet | Le Château de Montbrun (1847)
Ayant surpris le complot ourdi par son oncle et sa tante à l’encontre de Duguesclin, qui voyageait alors incognito sous le nom de sire de Cachamp mais qui a dû se démasquer au cours du dîner, Valérie charge le troubadour Gérald de Montagu d’avertir les routeurs menés par le capitaine Bonne‐Lance.
La lune ne favorisera guère Gérald lors de son « évasion » et les arbalétriers et les archers en sentinelle qu’elle peut observer, quelques instants après, à sa lueur, ne manqueront pas de viser le troubadour de leurs traits.
Au bout de quelques instants, elle s’avança vers le parapet et se pencha au‐dessus de l’abîme. De ce point élevé, son regard embrassait une partie du château de Montbrun avec ses larges remparts toujours encombrés de matériaux propres à écraser les assaillants en cas de siège, avec ses hautes murailles, ses guérites de pierre et sa luisante ceinture de fossés. Elle pouvait même, à la clarté de la lune, distinguer les arbalétriers et les archers en sentinelle ; leurs cris de veille, se répétant de proche en proche autour du manoir, montaient jusqu’à elle par intervalles, comme des gémissements.
Élie Berthet, Le Château de Montbrun, M. et P.-E. Charaire (Sceaux), 1875