En cet instant…
Jules Sandeau | Le Docteur Herbeau (1841)
Suite à l’orage, le docteur Henri Savenay — n’étant pas rentré de plusieurs jours, du fait de sa blessure et de l’état peu praticable des chemins — est donné pour mort à Saint‐Léonard‐de‐Noblat, à plus forte raison parce qu’un cadavre a été retrouvé dans la Vienne à proximité.
Toujours est‐il que, durant quatre jours, M. Savenay avait passé pour mort à Saint‐Léonard. Chacun racontait la catastrophe à sa manière. Les uns soutenaient qu’il avait été foudroyé sous un chêne ; les autres, que son cheval l’avait jeté sur un tas de pierres ; d’autres, qu’il avait été emporté par une trombe. Enfin, on apprit, à n’en pouvoir douter, que son cadavre venait d’être retrouvé dans la Vienne, près du moulin de Champ‐fleuri. Le fait était attesté par M. Grippard, huissier, qui le tenait du percepteur, lequel se l’était laissé dire par un rat de cave qui le savait d’un cabaretier. Rien n’était plus sûr ni plus authentique. Quatre garçons meuniers devaient, le soir même, rapporter sur un brancard les restes mortels à la ville. Saint‐Léonard s’était mis en mesure de rendre quelques honneurs au défunt.
Jules Sandeau, Le Docteur Herbeau, G. Charpentier, 1882, p.311–312.
Quelle surprise donc de le voir revenir ! Sa « résurrection » valait bien une fanfare, interrompant la discussion entre le docteur et M. Riquemont, cherchant à recruter le jeune médecin pour remplacer le docteur Herbeau.