Martin Nadaud
« Ouvrier, professeur, député », c’est ainsi que se définit, bien modestement, Martin Nadaud.
Bien que mort à l’endroit même qui l’avait vu naître, à La Martinèche sur la commune de Soubrebost en Creuse, Martin Nadaud se fait certes le témoin de son époque mais est surtout un acteur, politique notamment, des changements du remuant XIXe siècle.
Enfant, Martin Nadaud aide à la ferme familiale, palliant ainsi l’absence de son père, monté à Paris une bonne partie de l’année afin d’y exercer le métier de maçon. À l’un de ses retours, celui‐ci insiste : son fils aura de l’instruction ; Martin Nadaud apprend donc à lire couramment. Cependant, il doit se faire lui aussi maçon creusois : à l’âge de quatorze ans, il quitte La Martinèche pour Paris, aux côtés de son père. Il y découvre une vie rude, faite de périlleux labeurs et de conditions d’hygiène déplorables.
Il rejoint la Société des droits de l’homme avant ses vingt ans, suit les cours du soir afin de parfaire son instruction et se fait lui‐même professeur auprès de ses collègues et autres ouvriers.
Républicain, socialiste, il se fait remarquer lors des grèves du bâtiment de 1840. La Révolution de 1848 va vraiment le révéler : suite à une intervention lors d’une réunion de Creusois à Paris, il est désigné candidat pour les prochaines élections législatives. Battu une première fois, il entre finalement à la Chambre en mai 1849. Son mandat sera de courte durée : arrêté dans la nuit du coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis‐Napoléon Bonaparte, il se voit banni au tout début de l’année 1852 et s’exile, dans un premier temps en Belgique puis en Angleterre où, après avoir exercé son métier de maçon, il devient enseignant.
Martin Nadaud rejoint la France après le déclenchement de la guerre franco‐prussienne de 1870. Il est nommé préfet de la Creuse par Gambetta en septembre 1970 mais ne le reste que peu de temps. Malgré la campagne qu’il mène et qui l’amène jusqu’à Boussac (comme le raconte George Sand dans son Journal d’un voyageur pendant la guerre), il est battu en Creuse aux législatives de 1871 ; il rejoint alors Paris et participe timidement à la Commune. Élu conseiller municipal de Paris en juillet 1871 puis en novembre 1874, il plaide pour l’amnistie des communards et joue un rôle majeur dans la reconstruction de Paris.
En février 1876, il est une nouvelle fois élu député de la Creuse pour l’arrondissement de Bourganeuf, puis réélu en 1877 (scrutin anticipé), 1881 et 1885. Battu en 1889, il se retire chez lui, à La Martinèche, où il rédige ses Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon qu’il publie chez un éditeur de Bourganeuf en 1895.
Liens
« Un maçon à l’Assemblée » dans le journal Fakir
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