Shimazaki Tōson
Romancier et poète, Shimazaki Tōson est une figure majeure de la littérature japonaise naturaliste du XXe siècle.
Ayant suivi une éducation protestante qui l’amène à se faire baptiser, il enseigne l’anglais et défend, dans ses premiers textes, la liberté des communautés rurales opprimées.
Après avoir publié plusieurs ouvrages reconnus, en prose et en vers, Shimazaki est contraint de fuir le Japon en 1913, face à la polémique suscitée par I e, son dernier ouvrage (Une famille en français), autobiographique, à partir duquel il est accusé d’inceste envers sa nièce.
Réfugié à Paris, il quitte la capitale face à l’avancée de l’armée allemande, à laquelle le Japon s’oppose aux côtés des Alliés. Avec quelques amis, il gagne Limoges le 27 août 1914 et y demeure jusqu’au 14 novembre, 107 rue de Babylone. La maison où il résida, qui existe toujours, est mentionnée comme présentant un intérêt historique dans le Plan d’urbanisme de la ville de Limoges. On garde de son séjour une description sensible de la ville et de ses habitants dans deux écrits, Lettres de France (correspondance adressée à un journal tokyoïte) et L’Étranger.
Malgré les inquiétudes et les soucis que cause la guerre, j’ai passé ma plus belle saison de l’année dans cette région.
Shimazaki Tōson, « De Bordeaux à Paris, le 23 novembre 1914 », Lettres de France, 1914.
Retourné au Japon, il y connaît de nouveau le succès. Jean‐Pierre Levet, linguiste et professeur émérite à l’Université de Limoges, signale que Shimazaki jouit au Japon d’un prestige comparable à celui de Victor Hugo en France. Son style est comparé à celui de Julien Green. Il demeure toutefois méconnu du grand public en France, où seules deux de ses œuvres ont été traduites, Une famille et La Transgression (Hakai en version originale).