Au mois de juin…
Honoré de Balzac | Le Curé de village (1839)
– Et l’année prochaine, à pareil jour, jamais il ne passera plus par là une goutte d’eau. Je suis chez moi de l’un et l’autre côté, je ferai bâtir une muraille assez solide, assez haute pour arrêter les eaux. Au lieu d’une vallée qui ne rapporte rien, j’aurai un lac de vingt, trente, quarante ou cinquante pieds de profondeur, sur une étendue d’une lieue, un immense réservoir qui fournira l’eau des irrigations avec laquelle je fertiliserai toute la plaine de Montégnac.
Honoré de Balzac, Le Curé de village, Bibliothèque électronique du Québec, p.309.
Sur les recommandations de l’abbé Bonnet, avec l’aide du peu recommandable Farrabesche et avec l’expertise de l’ingénieur Gérard, Véronique Graslin réalise donc d’importants travaux d’irrigation permettant à Montégnac (pour la localisation de Montégnac, voir ici) d’accéder à la prospérité en moins d’une décennie. Surtout, cette réussite donne d’autres idées à l’ingénieur :
L’ingénieur, enhardi par tant de succès, conçut un projet de nature à rendre colossale la fortune de madame Graslin, qui rentra cette année dans la possession des rentes engagées pour solder son emprunt. Il voulait canaliser la petite rivière, en y jetant les eaux surabondantes du Gabou. Ce canal, qui devait aller gagner la Vienne, permettrait d’exploiter les vingt mille arpents de l’immense forêt de Montégnac, admirablement entretenue par Colorat, et qui, faute de moyens de transport, ne donnait aucun revenu. On pouvait couper mille arpents par année en aménageant à vingt ans, et diriger ainsi sur Limoges de précieux bois de construction.
Honoré de Balzac, Le Curé de village, Bibliothèque électronique du Québec, p.421–422.